Pourtant, derrière cette débrouillardise, elle m’a partagé une forme de frustration. Elle aurait aimé comprendre ce qu’elle fait, au lieu de simplement imiter. Mieux connaître les rouages, les logiques, les bases. Je l’ai même vue plusieurs fois, adossée à la porte de l’une de mes salles de cours, curieuse d’apprendre ce que j’enseigne à mes élèves.
Et elle est loin d’être la seule.
Le plus frappant, je l’observe chaque année auprès des jeunes adultes que j’accompagne. Leur aisance sur les réseaux sociaux et leur dextérité à naviguer sur smartphone masquent souvent des lacunes profondes. Beaucoup se pensent et se disent à l’aise avec l’informatique. Pourtant, ils peinent à remplir un formulaire en ligne, convertir un fichier en PDF ou sécuriser un compte. Rares sont ceux qui distinguent un réseau téléphonique d’un réseau cellulaire.
Quant à la protection des données personnelles, elle reste tout simplement négligée. « Je n’ai rien à cacher », me dit-on régulièrement. Et comme une application est gratuite, elle semble forcément utile. Les stores sont perçus comme des espaces de consommation sans limite, où la sécurité passe après l’instantanéité.
Ce constat n’est pas anecdotique. Il révèle un enjeu de fond : avoir accès aux outils numériques ne signifie pas en maîtriser les usages, ni en comprendre les risques.
À l’EDSN, nous formons à ces compétences essentielles. Pas pour faire de chacun(e) des ingénieur(e)s, mais pour permettre à toutes et à tous, quel que soit leur âge ou leur parcours, de comprendre, d’agir en conscience, de gagner en autonomie et en liberté.
Apprendre à faire, c’est bien. Mais comprendre ce qu’on fait, c’est encore mieux.